LES « OBLIGATIONS PANDÉMIQUES », UN MÉCANISME D’ASSURANCE À L’ÉPREUVE DU CORONAVIRUS (FRANCE 24)

La Banque mondiale a créé, en 2017, un mécanisme similaire à une assurance pour aider les pays les plus pauvres à lutter contre une éventuelle pandémie. L’épidémie du coronavirus originaire de Wuhan pourrait entraîner la première application de cet outil dont l’utilité et l’efficacité ont été remises en question.

Hier, elles s’arrachaient, aujourd’hui plus personne n’en veut. Les “obligations pandémiques” (“pandemic bonds”) ont perdu plus de 50 % de leur valeur depuis le début de l’épidémie du coronavirus originaire de la ville chinoise de Wuhan, rapporte la chaîne d’information qatarie Al-Jazira, jeudi 18 février.

Les investisseurs qui en détiennent craignent que le Covid-19 ne devienne l’événement déclencheur leur faisant perdre une partie de leur mise initiale. Ces obligations, créées par la Banque mondiale en 2017, fonctionnent sur un principe similaire à une assurance : tant qu’il n’y a pas de pandémie, les acquéreurs de ces titres touchent des intérêts annuels élevés et des primes d’assurance, mais si une crise sanitaire se déclenche, ils doivent reverser tout ou partie de leur investissement à un fonds spécifique de la Banque mondiale destiné à lutter contre les pandémies. Ces sommes doivent ensuite servir à aider les pays les plus pauvres à contenir une maladie ou un virus et à limiter l’impact économique de l’épidémie.

“Maladresse financière”

Pour les ONG et acteurs du secteur de la santé, le nouveau coronavirus, qui a contaminé près de 80 000 personnes dans le monde, dont plus de 2 600 mortellement, représente un “test critique” pour la viabilité d’un mécanisme très controversé, souligne le Financial Times. Larry Summers, un ancien économiste en chef de la Banque mondiale et ex-secrétaire au Trésor du président américain Bill Clinton, a qualifié les “obligations pandémiques” de “maladresse financière” et “d’erreur embarrassante”. Olga Jonas, une économiste devenue la critique la plus virulente de ce mécanisme après avoir passé plus de 30 ans à la Banque mondiale, estime que les investisseurs ont été les seuls gagnants.

Pourquoi tant de haine ? À l’origine, ces “pandemic bonds” avaient, pourtant, tout d’une bonne idée. La Banque mondiale les a développées en réponse à l’épidémie d’Ebola, qui a causé la mort de plus de 11 000 personnes entre 2014 et 2016. Ces instruments financiers sont destinés à transférer une partie du risque économique associé à une pandémie au secteur financier. L’argent doit, en outre, être rapidement mobilisable puisque les investisseurs sont obligés de payer lorsque des conditions prédéfinies sont remplies. Il n’y a donc pas à attendre l’issue de négociations politiques parfois difficiles lors de collectes de fonds auprès des États pour répondre à une crise.

La Banque mondiale a émis deux types d’obligations. L’un couvre un large éventail de risques pandémiques, comme les coronavirus, Ebola, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo ou encore la fièvre de la Vallée du Rift. Il est considéré comme plus risqué – et plus lucratif – que le second “pandemic bond” car les conditions déclenchant le remboursement par les investisseurs sont plus faciles à réunir. L’autre ne couvre que les hypothèses de pandémie grippale et de coronavirus.

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CoronaVirus Spéculer sur les épidémies Pandemic Bonds- TVTras
What the Coronavirus Outbreak Means for Pandemic Bonds
Bloomberg Markets and Finance

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